Aux origines
Le cheval fait partie des trois premiers animaux représentés par l’homme. Il figure dans les premières peintures de l’humanité, tel qu’en témoigne le chef d’œuvre de la grotte de Lascaux, que j’ai eu la chance de visiter. Je suis si importante dans la communauté équestre mondiale qu’on m’a permis de visiter l’originale réservée aux privilégiés! Non… j’ai visité la copie, mais quand même… l’émotion était au rendez-vous! Savoir et sentir que cette grande passion du cheval habite l’homme depuis la nuit des temps, pour moi un moment d’une grande intensité.
Culture populaire
On ne côtoie plus le cheval au quotidien. C’est par les films, mais aussi la télévision, les jouets, les peluches, les livres, les légendes les peintures, les lampes, les bijoux, les poupées et j’en passe, que les enfants, c’est-à-dire les jeunes filles entrent souvent en contact avec le cheval, avec l’idée du cheval. À moins d’être né de parents cavaliers, l’intérêt pour les chevaux prend naissance dans l’imaginaire. Il devient alors ce noble ami, silencieux, fidèle, secret et protecteur. Il n’a plus rien à envier à la licorne, au centaure ou au pégase! Il est magnifique, grand, fort, confiant, a une santé de fer et une crinière magnifique. Représentation de l’équitation quelques peu idéalisée…
La désillusion
Cette vision du cheval et de la discipline qui s’y rattache construisent les attentes du cavalier néophyte qui arrive dans cet univers qui ne saura pas nécessairement y répondre. «Cela semble si facile dans les films!» se plaint trop souvent le cavalier peinant à apprendre à se tenir au trot enlevé. Plusieurs prises de conscience attendent le cavalier qui ose entrer dans la réalité de l’équitation. Premièrement, il n’est pas simple d’être un cavalier passager qui ne dérange sa monture. Deuxièmement, l’amour ne suffit pas à rendre un cheval obéissant. Troisièmement, tous les chevaux n’ont pas une crinière qui touche par terre et on ne choisit pas un cheval pour sa couleur! Je pourrais poursuivre en mentionnant que dans les animaux domestiques, il n’y a presque que le lapin qui a une santé plus fragile que celle du cheval…
La naissance du sentiment
Mais heureusement, l’art ne vient pas que biaiser le jugement des cavaliers. L’art et l’artisanat est aussi ce qui permet au cavalier d’alimenter, de représenter et d’afficher sa passion. Les gens vivant avec un passionné de cheval vous le diront, il ne se contente pas de les fréquenter à l’écurie! Bibelot, peinture, t-shirt, bijoux, tout est bon pour côtoyer au quotidien la représentation magique et romantique que l’on se fait du cheval. C’est ce feu d’amour pour le cheval qui nous donne l’envie de surmonter les difficultés, d’investir temps et argent dans notre discipline. Peindre, lire, écrire, dessiner sa passion apaisent les tempêtes d’émotions qu’une telle passion peut créer. Si certains entretiennent un jardin japonais, d’autres entretiennent un jardin de poneys!
La créativité du cavalier
Cette créativité du cavalier lui sera d’un grand secours pour créer ou modifier de l’équipement, le réparer ou le rendre plus efficace. Qui n’a jamais essayé de fabriquer un licol en corde, réparer une guêtre avec du duck tape, ou peut-être, cousu un ensemble tapis/polo. Plus important encore, chaque entraînement sera une danse créée par le cavalier, chaque entraînement un moment unique. Un instant où la connaissance et la technique seront transcendées pour laisser place au sentiment. celui qui monte et qui entraine doit user d’ingéniosité pour enseigner au cheval, l’aider à trouver l’équilibre, le motiver et tenir le couple loin de la routine et de l’ennui.
Le cavalier, un artiste solitaire?
Le cavalier sera un artiste, qu’il se mette en scène ou non. D’ailleurs, posez-vous la question, au moment où le cavalier monte sur scène, est-il toujours au service de son art et de son cheval, ou est-il sous celui de son égo? Pour ma part, monter à cheval et l’entraîner a longtemps été un moment intime et privilégié avec mon cheval, proche de la méditation, un grand moment de calme qu’il m’a longtemps été difficile de partager avec d’autres.
Une histoire classique
Mon intérêt est née par le cinéma, Black Beauty, L’étalon noir, Fierro l’été des secrets… Les chevaux, je les ai dessinés sans grand talent, collectionné sur des objets de toute sorte, portés sur des T-shirt, j’en ai tapissé les murs de ma chambre. Ma passion a grandi à travers les livres et l’amour a pris forme à travers un cheval, Gipsy. C’est avec lui que pour moi, cette citation de Nuno Oliveira a pris forme: « On a tendance, de nos jours, à oublier que l’équitation est un art. Or, l’art n’existe pas sans amour. Mais celui qui n’a pas la discipline nécessaire et qui ne possède pas la technique ne peut prétendre à l’art. L’art, c’est la sublimation de la technique par l’amour. L’amour, afin qu’après la mort du cheval, vous ayez gardé en votre cœur le souvenir de cette entente, de ces sensations qui ont quand même élevé votre esprit au-dessus des misères d’une vie humaine. »
Ce petit cheval qu’on m’avait annoncé sans grand talent et plein de problèmes, avec qui j’ai partagé des heures de bonheur, seule dans mon petit manège intérieur, au son de la merveilleuse musique de Gotan Project. Il m’a tôt fait comprendre que je devrais user de créativité pour canaliser sa grande énergie empreinte d’une immense sensibilité. Lorsque sa retraite est venue et que trop peu de gens avaient partagé avec moi ces bonheurs terminés, cette phrase d’Amélie Nothomb me fit pleurer… Cette année, je débute une nouvelle aventure avec mon nouvel ami Géricault.
«Tout ce que l’on aime devient une fiction» Amélie Nothomb